Vous avez suivi et combattu la création d’un nouvel organisme, fusion de l’IRSN et de l’ASN, quel regard portez-vous sur cette loi ?
Pour la CFE CGC, la fusion entre l’ASN et l’IRSN est dangereuse. 50 ans d’histoire nucléaire en France sans accident, démontrent l’efficience de la sûreté nucléaire en France.
La sûreté nucléaire est un bien public et non une propriété politique et encore moins une propriété administrative. L’IRSN est un EPIC – Un établissement Public Industriel et Commercial – à qui était donné une garantie d’indépendance.
Pensez-vous qu’il n’ y ait qu’une question d’économie ?
Clairement oui ! Au journal de TF1, notre ministre de l’économie, Bruno Lemaire a annoncé vouloir faire 10 milliards d’économie dont 1 milliard sur les opérateurs publics de l’Etat dont les EPIC.
Pour la CFE-CGC, il n’y a pas d’économie à faire sur le nucléaire. Au contraire, il faut renforcer cette filière d’un bout à l’autre de la chaine de valeur pour garantir une partie de l’indépendance énergétique française tout autant que l’indépendance de l’expertise que les salariés de l’IRSN représentent.
Etant convaincu que la pression économique de certains lobbies l’a emporté sur le bon sens et le respect de positions salariales et scientifiques, souhaitons que la responsabilité de ce vote ne soit jamais engagée dans les décennies à venir. La sûreté nucléaire étant un enjeu de souveraineté nationale que le moindre accident peut contrarier à jamais, il fallait dans un premier temps s’occuper uniquement de la relance nucléaire. Et la réussir.
Vous défendez une société de savoirs, pouvez vous développez votre propos ?
La France a besoin de savoirs, de compétences à haute valeur ajoutée, surtout dans le nucléaire. Que naisse une déferlante d’intelligence pour que de ce rapport de force naisse également des décisions de bon sens pour la sécurité des français.
Parce ce que le nucléaire, ce n’est pas la confiture de fraises. On ne l’étale pas sur la tartine le matin en se disant « c’est bon ou c’est pas bon »
Grâce aux salariés de l’IRSN et de l’ASN, la tartine est très bonne depuis des décennies.
La sûreté nucléaire est un enjeu de souveraineté parce que le moindre accident peut la contrarier à jamais. Oui le nucléaire ce n’est pas de la confiture de fraise.
Il n’y a donc aucune raison de casser un système qui marche. Aucune raison de s’attaquer à ce service public qui assure la sécurité indispensable aux 67 millions de français que nous sommes.
Les députés qui ont voté ce projet ne sont pas des experts du nucléaire. Ils ont obéi sur ordre.
Finalement que retenez-vous de cette période pour avoir suivi ce dossier de près, assisté à de nombreux débats ?
CE QUE JE SALUE
– La démocratie parlementaire, la capacité de nos institutions à la faire vivre
– L’accessibilité de certains députés malgré un emploi du temps hors normes
– Le courage des députés de la majorité ayant osé voter contre ce projet ou s’abstenir chez Renaissance au modem , chez les LR , chez Horizons ou non inscrits Jean-Charles Larsonneur
– La mobilisation des salariés de l’IRSN, impeccable, révélatrice d’une véritable conscience professionnelle dont notre pays peut être fier.
– L’intersyndicale unie – #CFECGC#CFDT et #CGT IRSN – indispensable pour mener un tel combat
CE QUE J’AI DETESTÉ
– L’absence de démocratie sociale couronnée de mépris pour les avis scientifiques
– L’indifférence accordée aux revendications de l’intersyndicale et aux avis tranchés d’anciens présidents ou directeurs de l’IRSN, de l’OPECTS
– L’hypocrisie de députés de la majorité qui hier, ont, par intérêt ou par obligation, soudainement osé saluer les compétences des salariés de l’IRSN
– L’intention à peine voilée du gouvernement d’ouvrir le marché de l’électricité à des opérateurs privés – surtout tournés vers les SMR cf Maud Bregeon
– Le manque de soutien visible de la partie syndicale du côté ASN ce dont a profité pleinement le gouvernement
En conclusion, si vous consultez la liste des incidents/accidents d’origine nucléaire depuis 2 décennies, vous remarquerez que la France n’y figure pas.
https://lnkd.in/eJ9uGgzD
Je suis Secrétaire National confédéral au sein de la CFE-CGC depuis 2023. Pur produit de la promotion sociale, manutentionnaire à mes débuts, puis ayant repris mes études en gestion d’entreprise, j’ai passé des UV au CNAM en comptabilité et gestion des organisations et en finance. J’ai une solide expertise dans le domaine économique et financier.
André THOMAS
Ma mission est de promouvoir un dialogue social innovant, lucide et autonome, conformément aux valeurs humanistes de la CFE-CGC. Je défends les intérêts personnels et collectifs des cadres et des salariés à travers l’épanouissement de soi et le développement de l’entreprise. Je crois en un monde où l’addition des malheurs des uns ne servirait plus à faire le bonheur des autres. C’est pourquoi je travaille en collaboration avec les autres partenaires sociaux, les pouvoirs publics et les acteurs économiques pour construire des progrès sociaux et environnementaux.