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 Un bon paquebot, un bon équipage… mais un capitaine soumis aux hésitations de l’armateur 

 

 COMITE NATIONAL DU 30 JANVIER 2024 

DECLARATION CFE-CGC SICTAM SUR LES ORIENTATIONS STRATEGIQUES  

Le CEA, tel un imposant paquebot, avance à pleine vitesse, mais la trajectoire qu’il suit est parfois incertaine comme si le capitaine et ses officiers supérieurs hésitaient sur la route à prendre compte tenu des hésitations de ses armateurs, les tutelles. Ce géant des sciences et de la technologie est pourtant propulsé par une formidable force d’innovation et de compétences, mais sa trajectoire semble plus dictée par les vents contraires des tutelles et des injonctions politiques, plutôt que par une vision claire, affirmée et constante dans le temps. Ainsi ce paquebot suit une trajectoire de voilier contournant péniblement chaque obstacle les uns après les autres, au risque de s’écarter du cap initial, clair et pertinent qu’il avait pourtant initialement affiché. Il en résulte un épuisement et une désorientation lente de son équipage y compris des officiers supérieurs. Ceci est lourd de conséquences avérées ou potentielles pour tout l’équipage. Ceci est dommageable aussi pour les armateurs qui galvaudent le formidable paquebot France qu’ils ont pourtant financé par le passé. 

La stratégie scientifique du CEA, semble reléguée au second plan au profit de considérations économiques et budgétaires. D’une vision stratégie à long terme, le CEA passe progressivement dans certains secteurs à une simple vision tactique à court terme. 

Par exemple, pour ne citer que lui, le SMR (petit réacteur modulaire), projet emblématique s’il en est, illustre la navigation chaotique du CEA. Le démarrage en fanfare, bien que tardif, suivi d’un arrêt brutal (suite au retrait d’EDF) laisse les équipes dans l’incertitude, avec un impact direct sur leur moral et leur engagement. 

Les tutelles, tel des armateurs lointains peu au fait des réalités opérationnelles, rois des exigences apparemment non négociables et parfois contradictoires voire versatiles, prennent le CEA dans un filet de contraintes qui perturbe son fonctionnement, diminue son efficacité, affaiblit sa stratégie de recherche et décourage… ses salariés. 

Ces salariés constituent pourtant les muscles même du Corps du CEA au-delà des installations qui n’en sont que le squelette. 

Leur moral et leur engagement sont aujourd’hui fragilisés par des défis organisationnels et structurels persistants associés parfois à des coups tactiques éloignés de toutes stratégies à long terme. 

Le fonctionnement en silos, tant entre les programmes scientifiques et techniques qu’au sein des structures elles-mêmes, freine l’agilité indispensable à la conduite de projets stratégiques. Dans ce contexte, les salariés expriment une difficulté croissante à percevoir le sens de leur action quotidienne, ce qui érode leur motivation. 

La complexité et la multiplicité des activités, notamment celles imposées par les exigences de conformité des tutelles, ajoutent une charge administrative et organisationnelle importante. Les processus, souvent perçus comme rigides et lourds, freinent l’évolution des pratiques et réduisent la capacité d’innovation et d’adaptation des équipes. 

En conclusion le CEA est peut-être mieux en mieux « géré » réglementairement et budgétairement, vu de Bercy, mais tout ceci ne se fait-il pas au détriment de son âme et de son Corps ? Le risque de n’obtenir à la fin des fins qu’un squelette inanimé est encore loin mais le cheminement imposé par les tutelles a de quoi nous inquiéter.